Le tour de la Meije à ski de rando compte parmi les plus beaux raids à ski des Alpes. C’est une expérience qui combine toutes les caractéristiques d’une grande course : des sommets à plus de 3000 mètres, des couloirs et de belles descentes dans un espace sauvage et préservé qu’est le Parc national des Écrins.
Niels, de la team Montania, en a pris plein les yeux pendant 3 jours lors de ce tour de la Meije à ski de rando. Il nous raconte son expérience au plus près de la reine Meije !
Jour 1 : montée au refuge du Promontoire
« Voilà un moment que je voulais réaliser une belle itinérance de plusieurs jours en hiver. Et pour ce tour de la Meije, l’occasion était bonne pour réunir une bande de copains. Avec Dimitri et Etienne, nous avons convié Thomas, neveu de Frédi Meignan (gardien du refuge du Promontoire), et Laurent, avec qui je n’étais pas allé depuis un moment en montagne. Une équipe inédite pour cette aventure !
Nous partons de Chambéry sous un temps exécrable. La pluie d’abord, puis au fur et à mesure que nous montons la neige, le vent, et enfin le brouillard. Nous le savions, c’était tout à fait prévu. Cela dit, nous aurions tout de même bien aimé voir la face sud de la Meije au dessus de nous. Mais rien à faire. Le refuge à beau être au pied, presque dans la face sud, nous n’y voyons pas à deux mètres !
Néanmoins, cette petite frustration est bien vite estompée par l’accueil génial de Fredi Meignan, le chaleureux gardien du refuge du Promontoire (ndlr : le refuge est désormais gardé par Sandrine Delorme). A peine arrivés, Frédi nous sert son punch maison et met le feu en route pour que nous puissions faire sécher nos affaires. Du luxe dans ce petit refuge où la salle à manger doit faire 40m² et où il n’y à pas d’eau courante ! Nous rajoutons quelques bières par-dessus le punch, histoire de bien prolonger l’apéro avant le repas du soir.
Dehors, le temps continue à se dégrader… le brouillard laisse place aux averses de neige mouillée. Cependant, le bulletin météo du lendemain est plutôt optimiste. Bulletin confirmé par Frédi, qui nous annonce que tout devrait rouler. Il nous conseille aussi sur l’heure de départ ainsi que sur l’itinéraire à prendre et les temps à respecter.
Jour 2 : refuge du Promontoire – refuge de l’Aigle – refuge de l’Alpe de Villar-d’Arène
Départ du refuge pour le passage du Serret du Savon
Nous partons tôt, un peu avant le lever du jour. Arrivés à la brèche de la Meije, le soleil apparaît, et nous pouvons alors admirer un paysage à couper le souffle : les Écrins, sauvages et immaculés.
Petite pause photo, puis nous entamons la descente de la brèche. Nous longeons alors la Meije par son versant Nord. Ici la neige a fait place à la glace, et cela rend la progression difficile sans les couteaux… Décidément il faudra que je pense à en acheter ! Nous avançons prudemment en faisant attention à chaque pas pour ne pas glisser et tout recommencer depuis le bas. Une fois pas deux, merci bien !
Nous arrivons au pied du passage du Serret du Savon, que nous allons remonter les skis sur le dos. Ce couloir est assez atypique dans le sens ou il ne monte pas droit dans la face, mais plutôt en oblique sur une sorte de vire.
Descente sur le refuge de l’Aigle puis la Romanche
A la sortie du couloir, une si simple mais si belle récompense nous attend, le soleil ! Enfin, nous sortons du dessous de cette face Nord pour basculer de l’autre côté. Après avoir remis les peaux de phoques pour franchir les derniers mètres qui nous séparent du refuge, nous entamons la descente sur le glacier de l’Homme. Celui-ci est bien ouvert, avec des crevasses larges et profondes bien apparentes. Ça passe quand même, et moyennant quelques chaussages-déchaussages, nous arrivons presque jusqu’en bas sans avoir à trop porter.
Après une petite traversée de rivière pieds nus qui m’a rappelé une escapade en Islande, nous quittons la glace pour la prairie et prenons pieds sur l’autre versant et sur le GR54 du Tour de l’Oisans. En arrivant au refuge de l’Alpe de Villar-d’Arène, nous retrouvons notre rituel : faire sécher les affaires, se renseigner sur l’heure des repas, du lever du lendemain matin etc… avant de passer la fin d’après midi entre jeux de société, sieste, bière, fromage et saucisson.
Le lendemain sera le dernier jour de beau, c’est pourquoi nous décidons de ne pas dormir au refuge Adèle-Planchard comme prévu initialement, mais de redescendre directement. Il faudra mettre les bouchées doubles ou raccourcir l’itinéraire… Me connaissant, je ne vais pas passer à côté de l’ ascension de la Grande Ruine !
Jour 3 : refuge de l’Alpe de Villar d’Arène – refuge Adèle Planchard – retour
De la Romanche à Adèle-Planchard
Nouveau départ de bon matin pour longer la Romanche au crépuscule, puis bifurquer vers le glacier de la Plate des Agneaux au lever du jour. Le fond de vallée est long… nous marchons skis aux pieds près d’une heure entière sans gravir le moindre mètre de dénivelé, alors que nous sommes supposés en faire 2000 aujourd’hui !
Heureusement la trace fini par bifurquer vers la droite, et nous montons « dré dans l’pentu » vers le refuge Adèle Planchard. Le jour est bien levé maintenant, et le ciel bleu bien installé. Il fait chaud, pas un nuage à l’horizon, encore une journée magnifique ! Derrière nous, nous voyons se profiler la Barre des Écrins, devant nous la Grande ruine, et à part nous, personne. C’est ça qui est bien dans les Écrins : personne. Pas un bruit, seulement le crissement léger de nos skis sur la neige froide du matin.
Ascension de la Grande Ruine et descente
Il est presque midi lorsque nous arrivons au refuge Adèle Planchard. Un peu tard pour se lancer dans l’ascension de la grande Ruine… Malgré tout, nous nous décidons avec Etienne et Dimitri tandis que Laurent et Thomas nous attendrons au col des neiges. Pour l’ascension, nous mettons les bouchées doubles, parcourant les 750 derniers mètres de dénivelé jusqu’au sommet à 3680m en une heure. Une fois la haut, nous prenons à peine le temps de faire deux trois photos avant d’entamer rapidement la descente.
La journée étant déjà bien avancée, nous décidons de ne pas traîner, d’autant qu’il commence à faire chaud et que des coulées se détachent… C’est avec tous les sens en alerte que nous nous dépêchons de tirer le rappel et de traverser le glacier de la Casse Déserte. Au pied de la dernière pente sous le col, nous retrouvons Laurent et Thomas. Nous sortons les crampons, mais la neige est lourde et sans consistance et nous nous enfonçons jusqu’à la taille à chaque pas… Heureusement, l’effort est de courte durée : à peine 100m de dénivelé, et nous voilà au col. Fini ! il ne reste plus que de la descente maintenant !
Évidemment, comme nous étions en retard sur l’itinéraire, la montée se fit dans de la neige « molle » et la descente sur de la neige « béton », au lieu du contraire. Mais tant pis ! Certes, nous n’avons pas pris un plaisir fou à skier sur du carrelage jusqu’à la voiture, mais nous ne regrettons en rien d’être monté jusqu’au sommet de la Grande Ruine ! »
À noter : Lorsque les conditions sont favorables, il est possible de dormir au refuge Adèle-Planchard le dernier jour. Vous pourrez ainsi effectuer une descente en toute tranquillité sur les Étançons le lendemain.
Tour de la Meije à ski de rando : Accès et parcours
Boucle avec départ et arrivée dans le vallon des Étançons.
- 1er jour : refuge du Promontoire (3092 m)
- 2e jour : refuge du Promontoire (3092 m) – Glacier des Etançons – Serret du Savon (3399 m) – refuge de l’Aigle – Glacier de l’homme – refuge de l’Alpe de Villar-d’Arène (2077 m)
- 3e jour : refuge de l’Alpe de Villar-d’Arène (2077 m) – Refuge Adèle-Planchard (3169 m) – Col des neiges (3348 m) – col de la Casse Déserte (3483 m)
Vous pouvez retrouver les informations utiles pour ce raid à ski sur le site des refuges du Tour de la Meije : https://www.tourdelameije.com/
Merci pour votre lecture,
Niels, votre conseiller ski de rando Montania