La grande faille du Pécloz en ski de randonnée

Nos compères Raph, Rémi, et Mimi, continuent leurs pérégrinations skilistiques et Jules-Vernesques avec un beau voyage au centre des Bauges, et plus particulièrement dans la Grande Faille du Pécloz. Voici le récit en texte, photos, vidéo, drôleries et joyeusetés, de Raph.

Attention, la vidéo qui suit sur la faille du Pécloz comporte des scènes à la limite du supportable : fautes d’orthographe, erreurs de cadrage, etc. N’allez pas penser que ce sont des omissions, c’est uniquement par pure volonté des auteurs qu’elles ont été admises ici. Ndlr. :-)

La vidéo :

Le récit, par Raphaël Georges, de l’Académie française de littérature de montagne

Enfin ! Il a neigé ! Pas les 10 cm tout de suite balayés par le vent, non, de la vraie neige bien froide et poudreuse à souhait ! Après avoir défoncé tout ce qu’on pouvait en station, il était temps de migrer vers des lieux moins fréquentés, à savoir la Grande Faille du Pécloz (5.2, E3, TD).

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Action ski à la Grande Faille du Pécloz.

Nous ne fûmes pas déçus : dès l’arrivée au parking, nous sentons que nous venons de pénétrer dans un milieu sauvage et désertique. Ici, on voit tout de suite que la faune locale a pu s’épanouir, au-delà du raisonnable.  Ainsi nous avons la chance de pouvoir observer un impressionnant troupeaux de  collants-pipettes et autres bipèdes aux longs pieds, gambader allègrement dans leur milieu naturel.

Raph et la montée : "j'adore !"
Raph et la montée : « j’adore ! »

Rapidement, il s’avère que notre objectif se trouve hors des grands courants de migration et, soulagés de ne pas courtiser la même femelle, nous continuons notre route le cœur plus léger. En effet, la grande faille est un couloir réputé pour être étroit  (moins que son extension de profundis où il est conseillé de ne pas skier avec plus de 1m60 aux pieds), et donc rapidement « damé ».

On devine le couloir, vous le voyez ?
On devine le couloir, vous le voyez ?

Vers 1400m, nous émergeons des nuages. Au-dessus, le ciel est grand bleu, la journée s’annonce magnifique. C’est aussi à cette altitude que nous devons faire un choix : soit on décide de remonter dans le couloir (ce qui  veut dire brasser comme des perdus pendant des heures) pour faire l’état des conditions et surtout y repérer l’entrée.  Soit on y va à vue et on  fait le tour (plus esthétique, un peu moins sécu).  « Le cœur à ses raisons que la raison ne connais point », dixit ce bon vieux Blaise Pascal. C’est parti pour la boucle !

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Des skieurs quadripèdes, mais sans skis.

La montée par le couloir sud, rendue très agréable par la présence de marches, nous offre un spectacle plus beau à chaque pas : les sommets qui émergent, tels des îles au-dessus de la mer de nuages, les chamois qui viennent brouter les crêtes dégarnies par le vent, Rémi et Michel qui traînent la patte arrière, etc.

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Dans la partie terminale du couloir sud.
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La vue commence à être vraiment chouette. N’est-il pas ?
L'arête sommitale du Pécloz. On est pô bien chez nous ? :-)
L’arête sommitale du Pécloz. On est pô bien chez nous ? :-)

Une fois parvenus au sommet, la vue est à couper le souffle. Il n’y a pas de vent, et la montée est derrière nous, c’est le principe philosophique-même du sommet. Bref tous les éléments sont là pour qu’on réponde à l’appel, également philosophique, du saucisson devenu métaphysique pour l’occasion.  Pourtant, nous sommes tendus, et pour cause, l’heure n’est pas non plus au relâchement. Non ! La face nord est là, sous nos pieds, austère, froide et impressionnante.

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Pécloz, 2197m.
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Nous : summiters du Pécloz. On a laissé les masques à oxygène dans le sac, pour la photo.

D’un commun accord, nous décidons de ne pas attendre et de rentrer tous de suite dans le vif du sujet. Nous nous accordons tout de même un petit thé, ainsi qu’une petite barre, pour le courage. Pour pas qu’il n’y ait de faille, pour rester grands et fiers quand nous serons dans la bataille, car c’est la première fois pour moi que je pars au combat, et j’espère être digne de la tribu de Dana. Pardon, je me suis un peu égaré.

Michel, armé de son tuba, pour affronter la descente dans les profondeurs Pécloziennes.
Michel, armé de son tuba, prêt à affronter les profondeurs Pécloziennes.
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La face, vue du haut, pas pas en face, hein, on est en phase ?

Après une traversé raide mais en bonne neige, nous avons trouvé l’entrée du couloir. Tout de suite, nous comprenons pourquoi ce nom « la grande faille ».  Cette année, le faible enneigement a transformé le « couloir étroit mais néanmoins skiant » en une fine bande de neige parfois moins large que mes skis. Amoureux des grandes courbes s’abstenir ! De temps en temps, un cailloux taquin et coquin vient pimenter notre descente, ce qui, à défaut d’offrir du grand ski, me permet de confirmer l’hypothèse hautement scientifique suivante : l’escalade c’est plus facile en chausson que les skis aux pieds.

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L’entrée de la Grande Faille.
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C’est parti, Michel, le premier s’engouffre dans la faille.
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Il ne reste déjà pas beaucoup de neige après seulement deux passages !
Savoir skier ne suffit pas toujours pour avoir une belle photo.
Savoir skier ne suffit pas toujours pour avoir une belle photo.
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Il faut aussi un bon photographe ! (merci Rémi).
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Ah ! voilà qui est mieux !

Petit à petit, de virage sauté en virage sauté, nous arrivons à la fin du couloir.  La tension se relâche et La neige s’améliore, nous lâchons les freins. Un peu trop d’ailleurs, du coup ce n’est plus 200 mais 400m qui nous faudra remonter…

La fin du couloir.
La fin du couloir.

Après une pause repas avec vue sur la mer (de nuages) et sur les chamois, nous repartons le ventre plein et l’esprit léger. Du reste de la descente, pas grand-chose à dire, à part une carre de ski arraché pour Michel,  et deux petites avalanches pour Rémi et moi. L’une de fonte due à notre pause trop importante (ce qui, après le dry-ski, nous aura permis de découvrir le grass-ski) et l’autre de plaque. Pas de mal, mais une petite frayeur tout de même. Nous en tirerons deux leçons utiles à l’avenir : ne pas se relâcher, même une fois les difficultés passées, et éviter de skier comme un bourrin dès qu’il y a plus de 3 mètres de large.

Après 1800 m de dénivelé les 2 mètres de trop ?
Après 1800 m de dénivelé les 2 mètres de trop ?

Quoiqu’il  en soit, un super itinéraire, pour une super journée, avec de supers copains (bien qu’un peu faibles à la montée). À faire absolument (attendez tout de même qu’il reneige un peu, le ratrak breton est passé par là) !

La grande faille du Pécloz : le topo

Altitude min / max : 868m / 2197m
Dénivelé : 1330m
Orientation principale : N
Cotation technique : 5.2
Exposition ski : E3
Cotation ponctuelle ski : S5
Cotation globale ski : TD

Depuis le point 868, se diriger vers la Chapelle de Notre Dame de Bellevaux puis prendre la 1ère piste forestière sur la gauche et la suivre jusqu’à ce qu’elle débouche sur le couloir de Claret (vers 1450m). Le remonter jusque vers 1900-1950m à une épaule et prendre à gauche en traversée pour descendre une pente assez raide au départ qui aboutit 150m plus bas dans une mini combe. Aller sur l’extrême droite de celle-ci et découvrir la grande faille très étroite que l’on remonte sur 250m environ puis par une traversée vers la droite, contourner les barres rocheuses sous le sommet pour revenir ensuite à gauche au sommet même. Une remontée de 150m environ obligatoire après la grande faille pour rejoindre le couloir de Claret. La sortie de la grande faille peut être délicate ou en glace, évitable par la droite en montant. Exposition Nord pour la grande faille et le couloir de Claret.

Toutes les infos sont sur CampToCamp.org !

Photo : Team Montania, le Pécloz, en toile de fond.
Photo : Team Montania, le Pécloz, en toile de fond.

Merci de votre lecture.
A bientôt :-)

 

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