Face Nord d’Ailefroide : Voie Fourastier ce dimanche 23 juin 2019 par Niels

Peut-être la dernière course de la saison en neige, glace et mixte. Les conditions ne se sont pas encore trop dégradées… La canicule est annoncée à partir du lundi. C’est ce dimanche ou jamais ! Après concertation et une longue hésitation entre le Z à la Meije et la face nord d’Ailefroide, nous finissons par opter pour cette dernière.

La voie Fourastier en quelques chiffres

@camptocamp.org

Cotations : TD 5b>5b IV P3 4+ M4+
Altitude 1864 m à 3908 m
Dénivelé total : +2050 m / -2400 m
Dénivelé des difficultés : 800 m
Altitude du début des difficultés : 3100 m
Dénivelé de l’approche :1250 m
Remontées mécaniques : non :-)
Pente : 85°

La voie Fourastier :

Une belle ligne qui raye la face nord d’Ailefroide en son centre, manœuvrant entre la neige, la glace et le rocher. Une belle course pas très dure techniquement mais qui demande un engagement certain, du fait d’une retraite compliquée ainsi que de très peu d’équipement sur place : un relai, deux pitons !!! La difficulté de cette voie réside également dans sa durée. Il faut compter entre 15 et 20 heures en fonctions des conditions pour en faire le tour. L’approche est longue, la voie est longue, la descente est interminable… Un commentaire hallucinant sur le site camptocamp.org raconte même une véritable épopée où les protagonistes ont mis 28h30 pour boucler la voie !

Nous partons donc direction Ailefroide avec Etienne, Dimitri et Laurent. Couchés à 21h pour un réveil à 1h du matin, je me demande encore une fois pourquoi j’ai choisi ce sport lorsque je ferme les yeux pour cette trop courte nuit de sommeil. Lorsque le réveil sonne, nous nous retrouvons en pleine forme, pas comme après une bonne nuit de sommeil mais comme après une bonne grosse sieste. Un rapide petit déjeuner silencieux et nous voilà partis direction le glacier noir.

Il fait 9° au pré de Madame Carle ce matin. Le regel nocturne ne va pas être terrible… La veille, une cordée avait fait demi-tour car elle s’enfonçait jusqu’aux genoux sur l’approche de la face nord. Espérons que nous soyons plus chanceux aujourd’hui ! Le ciel est clair, le froid devrait être plus mordant sur le glacier. Il fait encore nuit noire lorsque nous posons pied sur celui-ci. La température est tombée à juste 0°, avec le vent, la neige s’est figée, nous restons à la surface, la journée commence sous les meilleurs hospices.

Le jour se lève à peine lorsque nous attaquons la voie. Deux premières longueurs sensées être en glace et mixte, mais qui sont en cette saison tardive devenue de vraies longueurs de rocher entrecoupées de neige plaquée ralentissant pas mal la progression. Nous trainons un peu dans ces premières difficultés à ces heures matinales.
Les pentes de neiges plus faciles par la suite sont avalées relativement rapidement malgré quelques passages où les rochers affleurent et rendent la progression quelque peu scabreuse. La face est plein soleil, la neige est lourde, les pas commencent à s’enfoncer. Heureusement Dimitri me relaye et nous fait une belle trace jusqu’au pied des dernières difficultés rocheuses.

La neige se fait plus rare, les crampons glissent sur les dalles rocheuses à peines recouvertes par une couche de neige humide. Lorsque nous butons sur le bastion rocheux final, la rampe de mixte qui rejoint la faille semble un peu hasardeuse. Pour y accéder, il faut franchir une dizaine de mètres de terrain en terre et en pierre normalement recouvert par la neige. Rien d’engageant, impossible de trouver des points d’ancrages fixes, que ce soit pour faire un relai ou simplement poser des protections…

Nous décidons d’essayer de contourner sur la gauche : une traversée des plus incertaines nous amène au pied d’une dalle lisse mais équipée d’un piton. Nous ne sommes pas les seuls à être passés là, c’est déjà ça !
Dimitri s’y engage, la grimpe y est verticale, improtégeable mais le rocher est sain. Cinq mètres, puis dix, puis quinze… toujours pas posé de protection… Chapeau l’artiste ! Car la grimpe y est vraiment exigeante ! Il nous fait venir tout les trois. Nous avons pris bien assez de risques pour aujourd’hui !

Nous continuons à traverser sur des pentes de neige instables jusqu’à apercevoir le sommet de l’arête : enfin !

Il est bientôt quatorze heures, nous avons perdu un temps fou à faire ces 100 derniers mètres : raz le bol !
Nous bricolons des rappels jusqu’au glacier.
Tout compte fait, les dernières longueurs en mixtes auraient été plus faciles que ce que l’on fait !

A peine les pieds posés sur le glacier, Dim et Laurent préparent leurs voiles pour redescendre en volant. Etienne et moi filons droit dans la pente et redescendons à pied. Descente interminable s’il en est, nous tournons et tournons pour trouver le chemin à travers séracs, crevasses et barres rocheuses. Nous perdons encore une bonne heure dans ces pérégrinations bien superflues. Il est 17h lorsque nous retrouvons le chemin du refuge du Sélé. Encore deux bonnes heures de descente et nous revoilà à Ailefroide.

Il est 19h30, nous sommes cassés mais contents !
Tous les ingrédients d’une belle journée en montagne étaient réunis : une belle bavante, des bons copains et un grand ciel bleu !

Niels.

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